Consigne Mission Impossible 

Consigne Mission Impossible 

La consigne : impossible ou moins commode ? 

Qu’il n’en déplaise à Tom Cruise, chez Oé on a accepté la mission et tous les challenges qui vont avec. Si vous êtes nés avant les années 90 (ou que vous êtes fan de Tom), vous devez sourire à cette première phrase car vous avez connu la consigne avant qu’elle ne devienne un “combat” ou une question écologique. Ce n’est que dans les années 60 que l’industrialisation et l’automatisation de la production ont fait disparaître peu à peu la consigne. Pendant des années, la question ne se posait même pas. Réutiliser était la norme, ramener une bouteille au supermarché une habitude ou même voir le laitier passer plusieurs fois par semaine pour faire l’échange entre des bouteilles vides et remplies. 

Il y a eu un tournant entre les années 60 et 90 car les industriels ont commencé à utiliser les emballages jetables (à la différence des réutilisables) comme argument commercial. Pouvoir jeter était présenté comme plus simple, pratique, rapide, hygiénique et même parfois une forme de richesse. Au fur et à mesure des années, la consigne est devenue ringarde. Les associations et lobbies industriels de production des emballages en France ont travaillé très dur pour nous faire oublier (ou croire) que la consigne est compliquée ou même “environnementalement non favorable” - oui, vous avez bien lu. 

Finalement la consigne ce n’est qu’une habitude perdue. Mais pourquoi c’est si compliqué à remettre en place ?


L’histoire de la consigne chez Oé

Il y a deux ans, notre co-fondateur Thomas disait : “Ça fait plusieurs mois qu’on réfléchit à ce projet de consigne et aujourd’hui on est heureux qu’il se concrétise. Réemployer une bouteille au lieu de la recycler permet d’économiser près de 50% d’eau. On collabore déjà avec une trentaine de magasins engagés à Lyon, et bientôt à Paris en décembre. Notre objectif est d’étendre ce processus dans les commerces, chez les traiteurs, et pour les restaurants.”

Aujourd’hui on est fier de vous dire que la consigne des bouteilles Oé c’est un réseau national de 15 partenaires de la consigne, des épiceries partout en France, des traiteurs et des restaurants avec qui on déploie tout cela. D’ailleurs, si vous avez une bouteille Oé vide dans vos placards, vous pouvez la ramener, une fois propre, dans un de nos points de collecte. 

Pour trouver le point de consigne le plus proche de chez vous, c'est ici.


Ça peut paraître anodin, mais quand on s’est lancé, peu de professionnels du vin nous ont encouragé dans cette direction. D’après eux, la consigne des bouteilles de vin était impossible car trop compliquée à mettre en place pour la plupart des vignerons ou producteurs. Il est vrai que la consigne repose sur un principe de massification et d’uniformisation

Mais avec ce type d’état d’esprit, on n'innove jamais de peur que personne ne soit adepte du produit. Vous pensez que Thomas Edison s’est dit que personne n'utiliserait son ampoule parce qu'il faudrait que toutes les habitations soient reliées à l'électricité ? Non, il a innové et le reste à suivi. Loin de nous l’idée d’avoir inventé quoi que ce soit, bien au contraire… Mais ce n’est pas parce que les plus frileux n’y voyaient pas d’avenir qu’on a arrêté de croire en nos rêves. 

La preuve, aujourd’hui toutes nos bouteilles sont consignées, mise à part celle du Crémant pour des raisons de sécurité - en effet la pression dans les bouteilles de pétillant est telle qu'elle fragilise la bouteille au point où la réutiliser ne paraît pas encore possible.

 

Les avantages de la consigne

Il y a moult avantages à la consigne et bien que la liste qui suit ne soit pas exhaustive, on pense qu’elle suffira à vous convaincre que ramener vos contenants ne vous demandera pas de remettre en cause votre quotidien.

Avantages environnementaux

Malgré qu’ils vous paraissent évidents - à nous aussi ne vous inquiétez pas - vous aurez compris que tout le monde n’est pas prêt à défendre ce postulat. Et oui, beaucoup d'européens, en particulier les français, ont en tête que le verre est recyclable à l’infini, et que par conséquent les bouteilles recyclées ne contiennent pas de nouvelles matières premières. Or, non seulement ce n’est pas le cas mais en plus, “recyclable” ne veut pas dire “recyclé”. 

Par exemple, en 2020 en France, seul 85% du verre a été recyclé. Le reste a été enfoui. 

Côté pourcentage de matières recyclées dans une nouvelle bouteille, on est loin des 100%. Dans toutes bouteilles non réemployées il y a une part de matière première neuve : 70% pour les bouteilles transparentes et 25% pour les bouteilles vertes, à minima.

Maintenant, venons en au recyclage lui-même. Les centres de recyclage du verre ont des fours qui tournent jour et nuit, 7/7j  à 1550°C pour faire fondre les éclats de verre (calcin). Même si l’utilisation de calcin peut faire baisser un peu cette température comparé à une production totalement basé sur des matières neuves, l’impact environnemental de faire tourner ces fours ne sera jamais aussi bas que celui du réemploi.

Réemployer n’est pas toujours une mince affaire, surtout car toutes nos habitudes de production doivent être bousculées pour s’adapter au nettoyage d’une bouteille. Par exemple, la colle des étiquettes doit être hydrosoluble pour permettre un décollage le plus simple possible. Pour laver une bouteille, rien de plus simple : de l’eau à 85° et de la soude en très petite quantité - donc ce n’a pas d’impact sur la santé

Schéma du réemploi

Pour en savoir plus sur le réemploi, cliquez sur le schéma. 

Avantages financiers 

Si aujourd’hui une bouteille issue de la consigne coûte encore un peu plus cher qu’une bouteille neuve ou en partie recyclée, le point de bascule ne saurait tarder. 

Les matières premières se font de plus en plus rares, le contexte politique en Europe est tendu et le covid n’a pas terminé de montrer le bout de son nez. Toutes ces conditions ne sont pas idéales pour la production industrielle de contenant en verre. Restons optimiste, le réemploi est l’une des solutions ! 

À date (mars 2022), le prix des bouteilles neuves à augmenté de 45% par rapport à l’année dernière. Bientôt, la production ne sera même plus envisageable, il faudra faire appel au réemploi autant pour des questions économiques qu’environnementales.

Même si nous ne vivions pas dans une période aussi incertaine, la consigne et le réemploi pourraient faire de l’ombre à la production et au recyclage si il était massifié et logistiquement optimisé. Tout ce qu’il nous manque c’est une législation qui uniformise le système et rend plus simple et commode de réutiliser les bouteilles, autant du côté des commerçants, producteurs et distributeurs que du côté du consommateur.


Les freins au réemploi

Ce qui nous rend vraiment la vie dure et nous fait un peu pédaler dans la semoule c’est réellement la législation. Pendant des décennies entières, des lobbyistes industriels ont travaillé très dur pour rendre la filière du réemploi française aussi peu développée que possible. Et ces lobbyistes font très bien leur travail. Si les relations de pouvoir entre lobby et gouvernements vous intéressent, on vous conseille vivement le film Goliath qui traite du sujet des pesticides. 

On vous en dit plus sur le bio et les pesticides dans les vignes ici :)


Si le réemploi devait être une expression française, “c’est plus facile à dire qu’à faire” serait de loin la grande gagnante.

La consigne demande la participation de nombreux acteurs. Si on sait livrer des bouteilles pleines, les processus de récupération des bouteilles vides ne sont pas autant optimisés et faciles à mettre en place. D’abord parce qu’il faut stocker les bouteilles ramenées par le consommateur. Tout ça demande de l’espace. Et l’espace, ça coûte cher. Une fois que la bouteille est récupérée, il faut la nettoyer. Encore une fois, pas si facile. Si dans les années 60, la consigne était un système bien rôdé, aujourd’hui il faut tout reconstruire et les entreprises capables de laver et redistribuer les bouteilles ne sont pas si nombreuses - mais elles se développent à grands pas donc on ne s’inquiète pas ;) 

Carte des partenaires consigne de Oé par départements

Et finalement, notre dernier frein n’en est pas vraiment un. C’est nous, vous et tous les consom’acteurs qui reprennent petit à petit l’habitude de ramener leurs bouteilles au lieu de les jeter. On est persuadé que ce n’est qu’une question d’habitude et d’éducation, mais on n’est pas dupe. Il y a aussi une part de praticité qui rentre en jeu. Donc si vous avez une idée ou une suggestion à nous faire qui vous rendrait la vie plus facile pour installer la consigne dans votre quotidien, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à hello@oeforgood.com ! On sera tout ouïe :)

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