Tirer un trait sur le Black Friday

Tirer un trait sur le Black Friday

On l’a tous déjà fait, supplier sa maman pour acheter la dernière console à la mode, les nouveaux playmobiles ou encore les vêtements en vogue au collège. Pas besoin de faire un master en droit privé pour se transformer en petit avocat et plaider sa cause quand on est enfant. Alors entre hausse du pouvoir d’achat et hausse du “pouvoir déchets” la frontière est mince. 

Le Black Friday (ou vendredi noir) est une période de fortes promotions hors soldes. Cette journée incite à la surconsommation “au cas où j’ai besoin d’un robot cuisine qui fait le ménage, masse les petits orteils et lave les enfants”...

On vous propose de comprendre un peu plus le Black Friday, son origine, ce qui se passe du côté des marques, de la législation et de faire le tour de ce que proposent certaines enseignes pour éviter ce phénomène d'hyper consommation. C’est parti ?


Les origines du Black Friday


Le Black Friday vient des Etats-Unis. Cette journée promotionnelle se déroule le vendredi qui suit Thanksgiving à la fin du mois de novembre. Le Black Friday est apparu dans les années 1950 aux Etats Unis et était l’occasion pour les Américains de prendre une journée de congé pour profiter d’un week-end plus long et de commencer les achats de Noël. Et comme nous nous inspirons souvent de la culture américaine, il aurait été étrange que ce fameux Black Friday ne traverse pas l’Atlantique. Alors, à coup de pagaies et de brasse coulée, le Black Friday a rejoint les côtes françaises dans les années 2010. C’est un phénomène plutôt récent, et sa notoriété a réellement commencé à prendre de l’ampleur à partir de 2014. Aujourd’hui le Black Friday s’allonge même en un week-end qui se conclut par le “Cyber Monday” qui permet de baisser encore les prix le lundi qui suit. 

Ce vendredi noir est un week-end noir pour la planète et l’environnement. On est souvent déjà bien équipé et cette journée à pour vocation de pousser à l'achat. Certaines marques mettent en avant leur nouveau processus de fabrication, une nouvelle fonctionnalité “plus verte” ou un service de livraison “sans frais et plus responsable”. C’est malheureusement une technique de greenwashing pour consommer plus et se donner bonne conscience. 

Pour l’anecdote : “Un français possède en moyenne 51 kg de vêtements”. 

En poids carbone cela représente 1,3 tonne d’émissions de CO2. On est tous plein de contradictions, mais là, ça dépasse l’entendement. 

 

 

Le Black Friday du côté des marques 

Le Black Friday permet aux marques de casser les prix hors période de soldes. -60%, -70% et même -90%, encore un peu plus et le produit disparaît complètement... Certaines produisent quelquefois des vêtements spécialement pour cet événement, quelques semaines avant. Délirant, n’est-ce pas ?

Pour vous donner quelques exemples concrets : 

En chine, les semaines qui précèdent ces événements sont appelées “Black Season”. Saison noire où le travail s’intensifie dans la même mesure que les conditions de travail et l’environnement se dégradent. Tout ça pour le même salaire (qui est déjà très bas, voire indécent).

À ces conditions s’ajoute la pression à laquelle les employés doivent faire face : une erreur et ils sont renvoyés. Comme souvent, les travailleurs habitent dans les campagnes lointaines, ils mangent et dorment sur place pour assurer un volume horaire conséquent. Cerise sur le gâteau, ils ne sont pas autorisés à sortir de leur lieu de travail et leurs papiers d’identité sont confisqués pour assurer un rendement maximal et un taux d’absentéisme nul.

Du côté de l’Ouzbékistan, pays très connu pour sa culture de coton, le gouvernement émet des décrets pour permettre aux enfants de plus de 5 ans de partir de l’école et aller travailler dans les champs pour la cueillette. Oui oui, on est en 2022…


Et la législation dans tout ça ? 

Du côté de la loi, on distingue ce jour de promotion avec la période des soldes. 

Selon l’article 442 du code de commerce : “est puni d'une amende de 15 000 € le fait par toute personne d'imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au prix de revente d'un produit ou d'un bien, au prix d'une prestation de service ou à une marge commercial”.

C’est seulement pendant la période de soldes que les commerçants ont le droit de vendre à perte, soit deux fois par an. Vendre à perte... Vous comprenez mieux pourquoi le système ne tourne pas rond. Les vendeurs choisissent la réduction qu’ils souhaitent en respectant l’arrêté du 11 mars 2015 qui exige que le prix initial soit clairement affiché et que le vendeur puisse le justifier. Ce qui n'empêche pas certains de gonfler artificiellement les prix de référence juste avant le Black Friday pour pouvoir proposer de "fausses réductions" le jour J. Vous avez les références ?


Oé, que font les autres ? 

Patagonia, la discrétion pour aller vers l’oubli ? 

On se souvient de la campagne choc mais très bien pensée de Patagonia en 2011 avec sa célèbre phrase “don’t buy this jacket”. Cette campagne avait fait le tour du monde jusqu’à faire la une du New-York Times. L’année dernière Patagonia est resté discret et a choisi de ne rien changer sur son site internet : pas de promotion, pas un mot sur le black friday. Le but : enlever cette habitude de la tête des français. 




Avec Aigle, le Black Friday s’envole 

Grâce à l’arrivée de la nouvelle CEO Sandrine Conseiller, de nombreux changements profonds ont eu lieu chez Aigle : suppression des transports aériens des produits, travail au niveau du sourcing des matières, certification des partenaires de confection en Asie et rapprochement des unités de production en France métropolitaine. Pour le Black Friday 2021, Aigle avait pris une décision radicale : fermer ses 48 boutiques en France et son e-shop. Le site internet dirigeait vers la page d’offre de seconde main “Second Souffle”. Un vent frais qui fait du bien ! 


Make Friday Green Again lancée par Faguo

Le cofondateur de la marque Faguo est à l’origine de l'initiative Make Friday Green Again. Ce collectif a pour but de rappeler les conséquences désastreuses du Black Friday. Plus de 1200 marques sont déjà mobilisées. Ces dernières signent une lettre ouverte adressée au président de la république dénonçant toutes les conséquences que le Black Friday à sur la planète. Le collectif invite les citoyens à consommer plus responsable. Les marques qui en font partie s’engagent à ne pas faire de Black Friday en 2022 et les années qui suivent.

Le black FridOé

Chez Oé, on veut tirer un trait définitif sur le Black Friday. En étant la première marque de vin à remettre en place la consigne, on s’engage plus que jamais pour le réemploi.
Le principe ? Les bouteilles sont réceptionnées avant d’être lavées, nettoyées et rendues aux producteurs. Les producteurs de bouteilles consignables peuvent ensuite les embouteiller et les rendre de nouveau utilisables. C’est un cycle. Ce système économique limite le gaspillage et les déchets et réduit notre impact environnemental. 

Pour le Black Friday, on fait le choix de ne pas faire de promotion car cela voudrait dire négocier les prix avec nos fournisseurs et nos vignerons. Et comme on souhaite que chacun soit rémunéré à sa juste valeur, on ne change pas nos prix. 



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