Tout savoir sur le cépage Gamay

Grâce à la qualité exceptionnelle des millésimes 2009, 2010, 2011, 2013 et surtout 2015, c’est le moment idéal pour tout savoir sur le cépage Gamay. Son produit le plus célèbre vient des collines de granit du Beaujolais. C’est d’ailleurs dans cette région qu’il est le plus cultivé en France, ce qui lui vaut le nom distinctif de Gamay Beaujolais.

Origine et histoire

Selon diverses sources, ce cépage de cuve française vient du hameau de Gamay sur la commune de Saint-Aubin, au niveau de la Côte de Beaune. Il est très planté dans la Bourgogne au Moyen-Age, et en vient à concurrencer le Pinot Noir au fil du temps, faisant ainsi du tort à la réputation des vins. Sa réputation à cette époque venait du fait qu’il était plus productif, sa quantité procurant d’excellents rapports même au détriment de sa qualité.

Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, finit par s’émouvoir des aptitudes de ce cépage, notamment de son goût et de sa texture. Craignant pour l’approvisionnement de sa table, il demande d’arracher jusqu’à Mâcon le « vil et déloyal plant » qu’était ce cépage, le réservant au Beaujolais. L’impact de la nature des sols sur la qualité des vins était déjà bien connu à cette époque.

Après ce départ un peu forcé, il se résigna donc aux sols granitiques dans les collines, entre Mâcon et Lyon. Il convenait d’ailleurs mieux à ces terroirs, ce qui permit au Beaujolais et à Mâcon de conquérir leur gloire, chaque vignoble ayant son cépage rouge.

Son effet sur qualité des vins du Beaujolais ne laisse pas les vignerons des autres vignobles indifférents. Les producteurs désireux d’être payés rapidement pour leur production annuelle se sont lancés dans la culture de ce cépage éphémère et évanescent. C’est ainsi que les vignerons du Val de Loire l’adoptent à leur tour, car il leur permet de produire des vins vite prêts à la commercialisation. La vente est d’ailleurs facilitée par la proximité du marché parisien et de l’Europe du Nord (par le port de Nantes).

Une analyse ADN a été faite en 1999 par des chercheurs de l’ENSAM, de l’INRA et de l’Université de Californie à Davis, dont le but était d’étudier les cépages du nord-est de la France. Selon cette analyse, il serait issu du croisement entre le Pinot Noir et le Gouais Blanc, tout comme les autres Pinots, le Chardonnay et le Melon de Bourgogne. Il est précisément dénommé Gamay noir à jus blanc ou Gamay Beaujolais, pour le distinguer de la large gamme de ses cousins teinturiers : le Gamay de Bouze (dans la Côte-d’Or), le Gamay de Chaudenay (dans la Saône-et-Loire), le Gamay Fréaux (dans la Côte chalonnaise). Il ne faut non plus le confondre au Gamay du Saint-Laurent (dans le sud-ouest) ou au Gamay du Rhône, qui sont plutôt de l’Abouriou.

Aires de production et vins produits

Sa terre de prédilection est le Beaujolais. Il donne par macération carbonique les Beaujolais-Village, les Crus de la même région et les fameux Beaujolais Nouveau, dont la sortie est prévue le troisième jeudi du mois de novembre suivant immédiatement la récolte. Grâce au Gamay, ces derniers vins sont très fruités avec des nuances de framboise et de fraise. Ils étaient traditionnellement destinés aux vignerons, mais dans les années 1970 et 1980, ils ont captivé l’attention des spécialistes du vin qui ont fait de leur sortie un évènement.  

Au nord de la Bourgogne, il est largement cultivé et sert à la production des grands vins rouges du Mâconnais. Dans le sud de la Bourgogne, on le mélange traditionnellement avec le Pinot Noir et le Chardonnay pour obtenir le fameux Bourgogne passe-tout-grains ; mais les Bourguignons l’utilisent également pour la production du Bourgogne Grand Ordinaire, des Coteaux de Bourgogne et de certains Crémant de Bourgogne. Dans la Vallée de la Loire, on le retrouve dans Les Coteaux du Vendômois, et il y est utilisé pour la production des vins rosés dans les appellations Anjou et Saumur.  Il est aussi utilisé en Moselle (dans les vignobles d’Ancy-sur-Moselle), en Auvergne, dans le Sud-Ouest et dans le vignoble de Savoie. Aujourd’hui, plus de 34 000 hectares de Gamay sont cultivés en France, dont 23 000 hectares dans le Beaujolais. Il possède sur ce terroir la plus grande densité de plantation au monde, soit de 9 à 13 000 pieds de vigne par hectare.

Dans le reste du monde, il est cultivé en Italie (Val d’Aoste), en Suisse (cantons du Valais, de Vaud et de Genève), en Espagne, au Portugal, en Roumanie, en Bulgarie et en Australie.

Principales caractéristiques

Le Gamay est un cépage à petites grappes compactes, à baies moyennes, d’un noir violet, d’une pruine abondante, à jus incolore et à saveur simple. Il est peu vigoureux et a tendance à s’épuiser en conditions trop fertiles ou dans un climat très chaud. Mais il est fertile, et sa taille courte lui assure une longue durée de vie.

Il peut être sujet au millerandage lors de la floraison, notamment en cas de conditions climatiques défavorables. Il est sensible au gel tardif dû à sa précocité, mais assure quand même une petite récolte grâce à son aptitude à produire des fleurs sur les bourgeons secondaires. Les grillures de soleil l’affectent également, mais le palissage peut réduire sa sensibilité à ce phénomène. Il est également sensible à la pourriture grise (qui peut lui donner un goût de géosmine), à l’excoriose, à l’esca, au mildiou, au botrytis et à l’oïdium. 

Les vins de Gamay ont une belle structure acide pour un vin rouge, d’où leur caractère très rafraîchissant, acidulé et parfois très gourmand. Ils sont chaleureux, avec des arômes très fruités et épicés, mais peu tanniques et sans trop de complexité aromatique. Ils sont souvent à boire jeune, et peuvent se déguster frais, ce qui fait d’eux des vins rouges très appréciés.

En plus des rouges, le Gamay donne également des vins rosés fruités et élégants. Ses meilleures expressions s’obtiennent par macération semi-carbonique. Les vins ainsi produits ont généralement une courte durée de conservation, mais ils peuvent se garder et se bonifier cinq à dix ans lorsqu’ils sont issus de terroirs particuliers, comme c’est le cas des Crus du Beaujolais. Ils peuvent se garder même plus longtemps dans les bons millésimes et les domaines les plus réputés.