Commençons par le commencement.
La finance c’est quoi ? C’est un domaine d'activité qui permet de trouver l’argent nécessaire pour faire une opération économique.
Quand on parle de finance “verte” ou “environnementale”, on parle de tous les financements qui ont pour but de soutenir la transition énergétique, la lutte contre le réchauffement climatique ou qui imposent une transition environnementale aux mastodontes de l’économie. En gros, l’argent est utilisé pour financer des projets qui ne portent pas (ou moins) atteinte à l'environnement. Ça vous parle ? On creuse le sujet pour vous.
Quelques chiffres sur la finance environnementale
Selon les derniers chiffres d’Oxfam France et de Carbone 4 de l’année 2020, l’empreinte carbone des 6 plus grosses banques françaises est 8 fois supérieure à celle de la France entière. Énorme, non ?
Sachant qu’en 2019, un français avait en moyenne une empreinte carbone de 9.9 tonnes équivalent, multiplié par 67 millions de personnes, je vous laisse faire le calcul - bruuh ça donne des frissons.
Presque pire, ce chiffre n’est pas du tout en amélioration. On pourrait croire qu’entre la COP21, l’accord de Paris et les rapports alarmants du GIEC, les banques y verraient un signal d’alarme et choisiraient à minima de changer leur façon d'investir. Mais c’est un grand non pour la majorité.
Depuis 2016, les investissements des secteurs nocifs pour l’environnement ont augmenté de 15%. Vous ne voyez pas ce que ça représente ? Bon on vous aide… ce n’est pas moins de 3100 Milliards d’euros investis globalement dans les énergies fossiles en 5 ans.
À ce rythme là, nos 3 plus grosses banques françaises (BNP, Société Générale et Le Crédit Agricole) nous emmènent sur le trajet d’un monde à +4°C d’ici 2100, alors que nous savons aujourd’hui que dépasser les +2°C serait un point de non retour pour l’humanité et la planète.
Les acteurs de la finance
Les banques traditionnelles
En tant que champion pollueur français, les banques sont celles qui peuvent avoir l’impact le plus fort le plus rapidement possible, mais en sont-ils conscients ? On est allé à leur rencontre pour leur poser la question, et voilà en résumé, ce qu’ils nous ont dit.
Ce qu’on a compris : ils sont conscients du rôle qu’ils ont à jouer dans le changement. Certaines banques commencent à se fixer des objectifs de zéro émissions à atteindre pour 2050 (oui, c’est très lointain) et en attendant certains ont commencé à décarboner leurs activités financières. Alors c’est bien, mais ça ne règle pas le problème.
Ce qu’on en pense : aujourd’hui pour décarboner, il suffit d’acheter un droit à polluer sur le marché dédié. Planter des arbres pour derrière investir dans les énergies fossiles n’aide ni l’environnement ni la biodiversité. Les bénéfices seront retardés de 10 à 15 ans, au mieux, le temps que la forêt se déploie et elle sera plantée sûrement à 20 000 km des écosystèmes détruits par les investissements de nos banques. Sans compter le fait qu’on a très peu de traçabilité sur la plantation des arbres, et s'ils ne sont pas plantés selon une logique d’agroforesterie, le bénéfice est à peu près équivalent à la plantation en masse des sapins de Noël. On vous passe le blabla, vous avez compris.
D’après OXFAM France, certaines banques comme la Banque Postale, essayent tant bien que mal de s’améliorer. Par exemple, en suspendant quasi instantanément “ses services financiers aux entreprises qui contribuent à l’expansion du pétrole et du gaz", la Banque Postale n’arrête pas de financer totalement les énergies fossiles, elle ne contribue pas à son expansion. Et oui, on ne peut pas décider du jour au lendemain de ne plus financer les “sin stocks” (tout ce qui est moralement douteux), car on n'a pas encore trouvé toutes les solutions pour remplacer nos objets du quotidien qui en dépendent.
Il n’y a vraiment qu’une seule solution : mieux investir et arrêter de compenser.
Les actions à mener auprès des banques traditionnelles pour être acteurs du changement :
- Demander à votre conseiller bancaire où et comment est utilisé votre argent
- Se renseigner sur les investissements de nos banques pour mieux comprendre
- En parler autour de soi pour sensibiliser vos proches et que chacun en parle à son tour
Si tout le monde joue le jeu, les banques n’auront d’autres choix que de s’engager au risque de perdre la majorité de leurs clients.
Les banques digitales et néo-banques
Elles sont de plus en plus nombreuses et font de plus en plus de bruit dans le secteur financier. Ce sont des banques 100% digitales. Leur but est de proposer un service client fluide, facile et rapide. Vous reconnaîtrez peut-être Orange Bank ou N26 qui sont des leaders européens. Parmi elles, les néo-banques éthiques forment une sous-partie à part entière. Leur unique but : mieux investir l’argent de leurs clients. Des exemples français sont Hélios et Green Got. Ces jeunes banques proposent transparence et engagement à leurs clients - incroyable n’est-ce pas ? À vous de vous faire votre propre opinion
La différence entre elles et les banques traditionnelles est très simple, elles s’engagent à ne pas financer des secteurs qui menacent l’environnement. Car si vous ne l’aviez pas déjà compris, le choix de notre banque serait la première étape d’une transition vers une consommation plus responsable.
Si vous n’êtes toujours pas convaincu, nous vous invitons à calculer l’impact carbone de votre argent grâce à cet outil développé par OXFAM. Accrochez-vous, vous n’allez pas être déçu de l’expérience…
Il existe aussi d’autres alternatives bancaires qui ne sont ni des banques traditionnelles ni des néo banques. Les coopératives bancaires sont aussi une belle opportunité de changement. La NEF en est le parfait exemple. Fondée en 1988 par des citoyens qui n'arrivaient pas à financer leurs projets écologiques et solidaires, la Nef est aujourd’hui un acteur majeur du changement car elle finance des centaines de projets locaux, solidaires et éthiques.
En 2020, c’est 114 milliards d’euros qui ont été prêtés (leur répartition exacte est disponible ici).
Le gouvernement
Les banques sont responsables de leurs investissements mais les gouvernements ont un devoir envers leurs citoyens de protéger leurs meilleurs intérêts, donc par extension la planète - c’est vrai qu’être sans planète fixe ne serait pas dans notre intérêt.
Du côté du gouvernement, la réglementation SFDR - Sustainable Finance Disclosure Regulation - adoptée fin 2019 impose aux financiers de proposer des options plus durables d’investissement aux épargnants. La réalité n’est pas aussi jolie que ce titre clinquant peut le faire croire ; les éléments “plus durables” sont juste les meilleurs acteurs de leur milieu - on les appelle les investissements “best-in-class”.
Rien n’interdit d’investir dans des projets non éthiques et non durables. La seule limite est qu’il faut faire mieux que pire. Chez Oé, on sait qu’on peut faire mieux que de se contenter du pire.
Il existe aussi des marchés qui permettent de décarboner les investissements (payer pour avoir le droit de polluer) où les banques et autres entreprises font du bénéfice sur le dos de la planète - c’est vraiment top tout ça…
Alors, oui ce n’est pas évident de changer tout un système financier. Il y a d’autres enjeux sociétaux à prendre en compte. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire et attendre sans faire bouger les choses. La probabilité que les citoyens engagés dans la transition écologique poussent nos banques traditionnelles à ne pas signer l’arrêt de mort de notre écosystème est minime.
Faire une stratégie de l’étau pourrait bien être notre seul espoir. Si nos dirigeants ou même l’Europe imposent aux banques de ne plus encourager la destruction de notre planète en parallèle d’un mouvement citoyen qui plaide pour des investissements plus verts, on peut difficilement imaginer que rien ne changera. Comme ils le savent si bien, tout réside dans la loi de l’offre et de la demande.
Les entreprises
De notre côté, on s’est demandé quel rôle les entreprises avaient dans ce scénario catastrophe.
Verdict : Elles sont au cœur de la solution. Nous savons que les 20 plus grosses entreprises dans le monde sont responsables de 35% des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui signifie qu’elles peuvent aussi devenir les moteurs du changement en changeant leurs habitudes et en montrant l’exemple. Le rôle à jouer des entreprises n’est pas directement proportionnel à leur taille - la preuve chez Oé on fait bouger des montagnes. Les actions sont différentes mais tout aussi importantes : plus on est petit, plus on bouge rapidement.
Dans le monde des entreprises, tout le monde a le moyen d’agir en faveur de l’environnement.
Voici quelques idées pour réduire son impact environnemental en tant qu'entreprise :
- aller dans une autre banque ou investir son argent dans une coopérative bancaire comme La Nef
- revoir sa supply chain pour travailler avec des partenaires plus respectueux de notre chère planète
- pour les start-ups/ou les investisseurs de coeur : aller dans un green family office comme KIMPA
- Informer ses clients, ouvrir la conversation, éduquer, discuter, etc.
Évidemment rien de tout ça n’est facile ou rapide à mettre en place, mais c’est un effort du quotidien. Chez Oé, on n’est pas parfait et on ne prétend pas être des professionnels de la finance. On essaye juste de vous mettre les bonnes cartes en main pour que vous vous fassiez votre propre opinion. On a une vraie volonté de voir une évolution positive de notre modèle. Le pouvoir est entre nos mains.
Pour aller plus loin…
On vous propose une liste de livres, d’articles et d’actions pour creuser le sujet plus loin et vous faire votre propre opinion sur le sujet. Ça vous dit ?
Bibliographie
• Pour aller dans la technicité : L’illusion de la finance verte – Julien le Fournier
• Pour avoir plus de chiffres : Banques: des engagements à prendre au 4ème degré
• Pour changer nos banques : Comment mettre les banques au service du climat ?
• Pour en savoir plus sur les néo-banques
En d’autres mots : Pour un réveil écologique
Au quotidien :
Du côté associatif : Reclaim Finance