Les 10 choses qu’on a trouvées dingues en reprenant un domaine viticole

Les 10 choses qu’on a trouvées dingues en reprenant un domaine viticole

Hello à toutes et tous, c’est Sophie de Oé ! 

À l’été 2024, on a acheté un premier domaine viticole, le Domaine Oé de la Chapelle Saint-Pierre. On produit du Côtes-du-Rhône et de l’IGP Méditerranée sur ces 6 hectares en vallée du Rhône. On travaille avec les anciens propriétaires, Élise et Yann, ainsi qu’avec Christian, notre vigneron. 

On voulait devenir producteur, avoir les pieds dans la terre, pour mieux accompagner et soutenir nos vignerons partenaires et contribuer plus concrètement au futur de la vigne. 

Au-delà des belles intentions, cette immersion dans le quotidien d’un agriculteur nous a réservé quelques surprises !


  1. Les frais demandés par la Safer

Les Safer (Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural) ont pour rôle de réguler le marché des terres agricoles. Elles peuvent intervenir au moment de la vente d’une terre en usant de leur droit de préemption pour garantir l’intérêt commun, notamment préserver les terres agricoles et leur accessibilité aux jeunes agriculteurs. Souvent, elles encadrent simplement les transactions foncières et touchent une commission, qui constitue leur principale ressource. 

Pour acheter notre domaine, on est donc passé par la Safer locale. On a découvert un sacré marasme de lourdeurs administratives qui n’aide probablement ni les agriculteurs ni la Safer dans sa nécessaire mission de régulation du marché. 


  1. Le montage douanier de notre dossier

Acheter un domaine, c’est aussi découvrir les joies du CVI. Les entreprises vitivinicoles doivent obligatoirement faire immatriculer leur entreprise auprès des douanes, au Casier Viticole Informatisé. Jusque là, ça paraît simple, sauf qu’on a multiplié les échanges avec les services pour trouver la bonne combinaison (car il existe plein de CVI différents, producteur, récoltant, négociant…) qu’on a quand même fini par modifier quelques mois plus tard !

Dans le premier schéma conseillé par les douanes, on avait un CVI récoltant pour pouvoir vendre les raisins et un CVI négociant-vinificateur pour vinifier et vendre notre vin, le tout pour une même entreprise qui devait donc s’acheter ses propres raisins (avec toutes les déclarations douanières qui vont avec). Ça nous a pris un sacré temps pour trouver le bon mode opératoire !


  1. Les guichets d’aide

Notre objectif, en achetant ce domaine, est de rendre possible sa transition bio-agroécologique et d’en faire un lieu d’accueil et de formation ouvert à tous. Pour cela, on a cherché des financements après avoir réalisé un diagnostic agroécologique et une analyse de sols. 

C’est vrai qu’on ne s’est pas facilité la tâche avec un domaine à cheval sur le Vaucluse (donc la Provence-Alpes-Côtes d’Azur) et la Drôme (donc l’Auvergne-Rhône-Alpes) mais domicilié dans le Rhône. On a quand même été étonné de découvrir qu’il n’y avait pas de règle commune à tous les acteurs. Est-ce qu’il faut s’adresser aux structures du territoire d’implantation des vignes ou de la structure qui les exploite ? Chaque acteur a ses propres directives qui peuvent varier selon la demande… et je n’ai pas encore réussi à avoir la vision globale.



  1. Des aides dont les agriculteurs se passent par simplicité  

On a longtemps hésité à se déclarer ou non agriculteur actif auprès de la MSA (Mutualité Sociale Agricole), le principal intérêt étant d’être éligible à un certain nombre d’aides, notamment la PAC, le FEADER ou France AgriMer. Au final, on ne l’a pas fait, mais ça a été l’occasion d’en discuter avec des vignerons qui nous ont expliqué ne pas demander certaines aides dont la candidature est trop fastidieuse.  


  1. Les premières déclarations auprès des douanes

Il y a beaucoup de déclarations à faire quand on produit et on vend du vin. Déclaration de récolte, déclaration récapitulative mensuelle, DREV… ça donne un peu le tourni au départ. Il ne s’agit pas seulement de respecter les différentes échéances, mais aussi de comprendre comment compléter les informations demandées. Les services des douanes nous ont été d’une aide précieuse pour nous en sortir entre les acronymes et la nomenclature des vins. 


  1. Les premiers contacts avec la MSA 

À l’ère du tout numérique, nos premiers échanges avec la MSA ne se sont pas déroulés comme on l’imaginait. Pas moins de 3 dossiers ouverts, au nom de la foncière (qui a acheté le domaine), de la SCEA (qui l’exploite) et d’un des cofondateurs d’Oé (gérant de la foncière), auxquels il n’était possible de répondre que par courrier.

Les premières demandes nous sont adressées avant l’achat définitif du domaine, et donc avant d’avoir l’ensemble des informations demandées. On nous conseille de répondre au fil de l’eau avec les éléments de réponse dont on dispose, quitte à répondre en 5 courriers plutôt qu’un seul à la fin.  


  1. De l’importance de la météo

Ça parait évident mais c’est autre chose de le vivre dans le cadre de son métier ! On a dû revoir l’itinéraire technique envisagé car nos premiers travaux de semis pour les couverts végétaux n’ont pas pu se faire sur la période souhaitée à cause d’une météo capricieuse… Au lieu des couverts prévus pour l’hiver 2024, on a donc planifié des couverts de printemps à base de radis fourrager et féverole de printemps, qui viendront compléter les premiers apports de compost, soufre élémentaire et Patentkali.


  1. La diversité des compétences requises

On a fait le choix de reprendre un petit domaine pour faciliter notre montée en compétence, même si les connaissances sollicitées restent aussi diverses. De la compréhension du terrain pour choisir le bon modèle de camion pour livrer le compost aux connaissances juridiques, le champ est très large ! Big up à tous nos vignerons partenaires et les agriculteurs en général qui vivent tout cela au quotidien. Nous on vient de commencer, eux le vivent depuis toujours. 


  1. La complexité même (surtout) quand on veut bien faire 

Ça n’a pas toujours été facile de prendre les bonnes décisions, d’autant plus que les résultats sont assez long-terme. Par exemple, on souhaite mettre en place un suivi de la biodiversité sur le domaine pour rendre compte de la pertinence des actions mises en place. Les options sont nombreuses : protocoles low-tech mis au point par l’observatoire agricole de la biodiversité (OAB), suivi par l’éco-acoustique, interventions de naturalistes… Il s’agit souvent de revenir aux objectifs visés mais ça n’est pas si évident que ça ;) 


  1. Le fait que tout le monde nous disait « ça doit être fou » 

On a beaucoup parlé de notre premier domaine, à la fois dans nos sphères professionnelles mais aussi personnelles. J’ai trouvé ça impressionnant que l’immense majorité des interlocuteurs réagissent très positivement quand on connaît les difficultés du monde agricole. Et même si la filière viticole s’en sort un peu mieux, les défis sont immenses (hausse des températures, sécheresse…). Preuve que ça reste un secteur, un métier à part qui fait particulièrement fantasmer !

 

J’espère que ce format vous plaît, n’hésitez pas à nous le dire en nous écrivant à hello@oeforgood.com

À très vite,
Sophie

 

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