Fabien, c’est le vigneron Oé avec qui nous produisons la cuvée du Vaucluse Principauté d’Orange que nous réservons à nos partenaires, restaurants et traiteurs. Situé à Bollène, nous l’avons rencontré pour échanger sur ses engagements et sur sa passion pour les vignes.
Peux-tu nous parler de l'histoire du domaine ?
“Mon grand-père à acheté l’exploitation en 1972 et mon père a construit la cave une 20aine d’années plus tard dans les années 1990. Je suis arrivé au domaine en 2009 pour ma part, et j’ai toujours vu mon grand-père construire lui-même les cuves dans lesquelles nous stockons et vinifions les vins. On a agrandi ensemble la cave en 2013 pour mettre d’autres cuves réalisées par mon grand-père.
“On a obtenu la certification en agriculture bio en 2010 et comme on est entourés de forêts, on n’a jamais eu besoin d’utiliser des insecticides sur nos vignes. On n’a jamais été infestés par le vers de la grappe car la faune est bien développée quand on est en bio. Il y a aussi pas mal de chauve-souris et d’hirondelles sur le domaine donc je pense que ça joue beaucoup sur la santé de notre vignoble.”
Quelles sont les causes qui te tiennent le plus à coeur ?
“Notre engagement en agriculture bio bien sûr ! Mon père a toujours travaillé les sols sans mettre d’insecticide. Et comme ma présence a apporté de la main d’oeuvre, on s’est dit que c’était le moment pour relever le défi du bio tout en s’assurant d’avoir les épaules pour y arriver.”
Quels défis rencontres-tu dans la vigne ?
“On est dans une région assez ventée donc on a moins de problèmes de maladie, excepté en 2018. On a eu un printemps humide, une pluie et beaucoup de mistral donc impossible de traiter. On a recensé une perte de 70% de notre récolte à cause du mildiou. À part cet épisode, faire du bio dans notre région est quand même plus facile qu’ailleurs. On utilise entre 1 et 2 kg de cuivre uniquement par hectare et par an.”
As-tu d'autres activités en parallèle des vignes et qui complètent le domaine ?
“À l’heure actuelle, on est sur des terrains sableux avec très peu de matière organique. On met en place un essai d’enherbement pour voir comment se comporte la vigne. Concernant le cycle de la vigne, on essaye de laisser reposer du sol 3 à 10 ans en intercalant des cultures de lavande pour bien laisser se reposer entre les plantations. La faune locale est bien développée, avec les hirondelles qui nichent chez nous et les chauve-souris. Nous avons aussi un apiculteur de Savoie qui vient mettre ses ruches en hiver pour leur hivernage et au printemps.”
Que réponds-tu aux attaques du cuivre et du soufre ?
“Sur les traitements annuels que je fais sur mes vignes, il y a des conventionnels qui mettent en 2 traitements ce que je fais moi en une année. L’année dernière j’étais à moins d’un kilo de cuivre par hectare. Donc ça me fait un peu rire d’entendre les gens parler sur le bio. Jusqu’aux années 60, le cuivre était beaucoup répandu sur les vignobles et en quantités énormes, jusqu’à 50 kilos voire même plus. Maintenant les doses sont bien moindres. Dans la revue des oenologues, ils parlent du traitement des vignobles conventionnels contre la pourriture, la boscaline. Ce pesticide est utilisé pour bloquer la respiration des champignons et il s’avère qu’elle serait aussi efficace sur les hommes, les animaux, etc... C’est le même processus que pour la respiration de tous donc même si le cuivre peut poser quelques problème, la boscalide elle peut tuer des gens.”
Comment se passe le processus de vinification dans votre domaine ?
“On vinifie dans les cuves en inox thermorégulées de mon grand-père. On fait deux à trois fois par jour des remontages pour bien extraire la matière et un élevage pas trop long pour garder le côté fruité des IGP. Puis on fait le pressurage et l’élevage dans les cuves.”
Avec quel plat marier le Vaucluse Principauté d'Orange ?
“C’est un vin d’apéritif qui se marie parfaitement avec des grillades et des fromages frais.”
Nous rendons visite à Fabien et son domaine le 30 juin prochain, on a hâte de voir l’évolution de la vigne !