L'entretien du sol et de la vigne en viticulture biologique selon les saisons

L'entretien du sol et de la vigne en viticulture biologique selon les saisons

À en lire le titre, vous vous attendez à un article pas très sexy ? Et bien figurez-vous que l’entretien du sol peut être passionnant même sans être passionné d’agriculture ! La preuve, j’ai fini par m’y intéresser (pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Charlotte de la com’ chez Oé) à force d’en entendre parler par nos vignerons Oé. Parce que, oui, en visite chez les vignerons, on parle vin, on déguste mais aussi et surtout on fait des tours dans les vignes pour mieux comprendre comment fonctionne la biodiversité ;) Ça vous dit d’en apprendre plus sur le sujet ? Follow the guide

 

Les différentes techniques d’entretien du sol en agriculture biologique 

Que ce soit pour produire des vins bio, des vins biodynamiques ou des vins naturels, les vignerons bichonnent leurs vignes pour les aider, grâce à la biodiversité environnante, à s’armer contre les parasites et maladies. Et c’est en partie grâce à l’entretien du sol que la vigne produit d’aussi bons raisins ! Le sol est l’un des principaux éléments du terroir avec les cépages, le climat et l’exposition. C’est parti pour un tour des techniques utilisées sur les sols cultivés en bio, car les vignobles conduits en conventionnels ne pratiquent pas les mêmes techniques que ceux en bio. Eh oui ! 

L'entretien des sols en viticulture bio

Le pralinage des racines 

On vous voit venir les gourmands, le pralinage n’est pas fait à base de sucre praliné mais bien d’un mélange à base d’argile, de bouse de vache et d’eau. Bien moins sexy mais très pratique, cette technique consiste à enrober les racines avant la plantation en hiver pendant le repos de la vigne. C’est une pratique qui était déjà réalisée par nos ancêtres et qui permet de s’assurer que la sève monte bien jusqu’aux bourgeons, et donc, qu’elle apporte les bons nutriments jusqu’au bout des sarments.

L’arrachage des ceps de vigne 

Parfois, le vigneron doit arracher ses vignes si le cépage ou le porte-greffe qui a été planté n’est pas adapté au terroir, si la parcelle est mal exploitée et que les pieds de vigne ne donnent pas le rendement attendu. Cette technique traumatise les sols et donc doit être faite avec précaution, quand la terre n’est ni trop sèche, ni trop humide. Les pieds de vigne sont ensuite brûlés pour éviter la propagation d'insectes ou de virus nuisibles dans le domaine. 

Le désherbage entre les pieds de vignes

L’enherbement est une pratique de plus en plus utilisée dans les vignobles en agriculture biologique. Le tout, c’est de s’assurer que l’herbe ne rentre pas en concurrence avec la vigne. L’herbe en concurrence... Qu’est-ce que ça veut dire ? Comme toute plante, l’herbe se nourrit des nutriments présents dans le sol. Ce qui veut dire qu’elle peut prendre des nutriments que la vigne n’aura pas pour se développer si l’herbe est trop présente. Il existe donc des brosses inter-cep pour désherber et nettoyer les inter-rangs pour limiter les risques d'érosion

Les engrais verts en agriculture biologique

On parle d’engrais vert pour caractériser les plantes qui sont cultivées dans le but de fertiliser le sol, et non pour être récoltées. Eh oui, c’est avec de l’entraide qu’on arrive à faire de grandes choses et les plantes l’ont bien compris. On peut assimiler ça à du compagnonnage, lorsque les plantes partagent le même terrain et s’échangent les bons tuyaux.  

Les racines des engrais verts permettent d’ameublir le sol de l’inter-rang (qui se situe entre les rangs de vigne), c'est-à-dire le rendre plus léger et facile à travailler, et d’améliorer la pénétration de l’eau et de l’air. Les engrais verts sont aussi très utiles en hiver. Après les vendanges, la vigne a bien le droit à un peu de repos. Pendant son sommeil, les engrais verts prennent le relais en stockant des éléments et en enrichissant le sol pour qu'à son réveil, la vigne ait tout ce dont elle a besoin. 

Les couvertures végétales 

Quel est votre premier réflexe en hiver lorsque vous vous mettez dans votre lit ? Vous emmitoufler sous votre couette, n’est-ce pas ? Eh bien pour les vignes c’est pareil ! Le vigneron fait tout pour protéger ses pieds de vignes, les réchauffer du mieux qu’il peut et protéger le sol de la dessiccation (lorsque le sol craquelle tellement il est sec ou gelé). On vous rassure, le vigneron ne tisse pas une grande couverture en laine pour ses vignes mais il utilise de la paille pour créer une couverture de céréale et conserver la chaleur par exemple. Une solution naturelle pour lutter contre les épisodes de grand froid et éviter aux vignes d’être gelées. À la fin de l’hiver, le vigneron utilise du fumier pour réactiver le sol et redonner vie à la vigne. Finalement, le fumier dans les vignes c’est un peu comme le prince charmant qui réveille la belle au bois dormant. Vous l’avez compris, chez Oé on adore les métaphores ! 

La moutondeuse

La quoi ? Oui, oui, vous avez bien compris et probablement bien analysé le mot. Quand on parle de Moutondeuse, on parle bien de tonte par les moutons pour remplacer les tondeuses à essence ou les tondeuses électriques. 

Attention à ne pas mettre les moutons n’importe où, n’importe quand et trop longtemps dans les vignes. Par exemple, lorsque les bourgeons sont en train de sortir, ils sont très fragiles et peuvent tomber à cause des moutons qui se frottent aux vignes en broutant ou tout simplement se faire manger un peu avant la floraison, car les moutons en raffolent. 

Les moutons dans les vignes

Toutes ces techniques permettent en viticulture de limiter les produits phytosanitaires. En agriculture bio, la bouillie bordelaise et le soufre sont les deux intrants autorisés en petite quantité. Ce sont des pesticides naturels (à différencier des pesticides chimiques) que l’on appelle oligo-éléments. Ils permettent à la vigne de se protéger contre les maladies comme l’Oïdium ou les parasites comme le Phylloxera

L’oïdium est une sorte de pourriture blanche qui attaque les grappes de raisin. Ce champignon se développe moins quand les vignes sont bien entretenues et que l’espacement entre les pieds et sarments est suffisant pour bien aérer et limiter l’humidité dont le champignon raffole. Un sarment est tout simplement la branche de la vigne une fois que celle-ci est ligneuse, c'est-à-dire qu’elle prend l’aspect du bois. L’effeuillage permet de prévenir la propagation de l’oïdium. Le Phylloxera sont des pucerons ravageurs gourmands en feuilles qui finissent par jaunir sans faire mourir le pied. Pas très glamour, c’est pour ça que les vignerons tentent de se protéger des ravageurs et maladies en amont. Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit ! 

Les vignerons ne vont pas entretenir leur sol de la même manière en fonction des précipitations, du type de sol, de la pente du vignoble selon les régions. Des aspects techniques, socio-économiques et environnementaux entrent en compte. Chaque vigneron prend en compte la diversité de son vignoble et les spécificités régionales. 

Si la vigne vous passionne, on vous conseille d’aller à la rencontre des vignerons pour en apprendre plus sur leur métier. L’oenotourisme est devenu un incontournable pour les passionnés du vin, alors partons ensemble sur les routes !


Entretien de la vigne en agriculture biologique : les autres techniques 

Pour obtenir le label AB, le vigneron suit un cahier des charges de la viticulture à la viniculture, pour produire un bon vin bio, respectueux de l’environnement.


Voici quelques petites techniques des vignerons, qu’on vous partage avec plaisir :

  • Limiter les rendements avec les vendanges en vert. Cette technique permet de réduire la quantité de raisin que produit la vigne, pour respecter un certain rendement en fonction de l’appellation. Par exemple, en Côtes-du-Rhône rouge on ne peut pas dépasser 50 hectolitres/hectares. Et aussi pour que la qualité du raisin soit la meilleure possible. Et oui Jamy, quand on réduit le nombre de bourgeons, ceux qui voient le jour et produisent du raisin sont beaucoup plus qualitatif car se sont nourris de plus de nutriments. 
  • Tailler les vignes se fait globalement autour du mois de mars, dès le début du printemps, avec un sécateur. Cette pratique stresse le végétal et peut aussi être une porte d’entrée aux maladies. D’où l’importance de tailler en sève montante pour que celle-ci protège les sarments taillés 
  • Rogner les vignes. Le rognage est une opération où le viticulteur coupe les extrémités hautes de la vigne pour aérer les vignes et leur donner un meilleur accès au soleil. Il ne faut pas que le haut de la vigne fasse de l’ombre aux parties plus basses. Le rognage permet aussi de limiter les maladies car ce sont les organes jeunes qui sont coupés et ils sont plus sensibles aux maladies.

Si vous voulez comprendre ce qui se cache derrière la dénomination du vin bio, du vin biodynamique et du vin naturel, on vous propose de lire cet article


Que fait-on à quelle saison pour entretenir le sol des vignes ?

Printemps, été, automne, hiver : les quatre saisons ont chacune leur lot de travail pour les vignerons. Si ce n’est pas dans les vignes, c’est au chai, dans les salons, à la compta et en dégustation avec les clients que se trouvent nos amis les vignerons. L’entretien des vignes se fait tout au long de l’année, alors comme l'œuf et la poule, difficile de savoir où tout commence. On a tiré à la courte paille et c’est donc avec la saison du printemps que l’on va commencer l’aventure de la viticulture biologique !

Au printemps dans les vignes 

Le printemps c’est bien connu, c’est la saison des amoureux ! Les oiseaux chantent dans le ciel, en espérant trouver l'âme-soeur et les bourgeons éclosent, nous dévoilant enfin les beaux secrets qu’ils conservaient jusqu’alors. Chez Oé on est vraiment fan du printemps, ça nous donne la banane de voir toutes ses fleurs tapisser le paysage et on adore se reposer dans l’herbe à contempler le ciel bleu qui remplace le blanc de l’hiver.

En revanche, il y en a d’autres qui n’ont pas le temps de faire la sieste, ce sont nos amis les vignerons bien sûr ! Eh oui, à cette période, la vigne se réveille tranquillement de sa nuit hivernale, alors en plus de concocter son vin, le vigneron doit prendre soin de son sol pour que ses vignes ne tombent pas malades. Les pluies printanières peuvent être l’allié idéal de certaines bactéries alors pour éviter ça, le vigneron peut faire appel à différentes solutions naturelles pour protéger les plantes.

En été dans les domaines bio

Entre le printemps et l’été, les vignes profitent du soleil, de la pluie et des nutriments présents dans le sols pour se nourrir et pousser tranquillement. Lors des été très chauds et très secs, le vigneron doit aussi arroser ses pieds de vignes pour ne pas qu’ils s’assèchent.

Bien maintenues grâce aux fils de fer, les jeunes pousses peuvent facilement grandir et être pleinement exposées au soleil pour donner ensuite de bons raisins. On appelle cette technique le palissage, elle est aussi bien utilisée en viticulture qu’en arboriculture et vous pouvez même faire ça chez vous pour vos plants de tomates avec des tuteurs par exemple. Ça file doux comme dirait Noël Flantier ! 

Les raisins prêt à être vendangés

La vigne est une plante qui donne beaucoup de bourgeons et pour éviter les excès, le vigneron doit en couper une partie. On appelle ça l'ébourgeonnage. Ça parait cruel mais c’est pour aider la plante à mieux nourrir chaque bourgeon et qu’il donne par la suite des bons fruits gorgés d’eau et de soleil ! 

Un peu avant la fin de l’été, le vigneron fait ce qu’on appelle l’effeuillage en retirant progressivement les feuilles de la vigne pour lui laisser profiter des derniers rayons de soleil et éviter certaines maladies. 

À l’automne dans les vignes et au chai

À la fin de l’été et au début de l’automne, la nature se prépare tranquillement à hiberner. Le feuillage des arbres change petit à petit de couleur, le temps s’adoucit et surtout, les raisins sont prêts à être récoltés ! L’excitation est à son maximum car le travail des vignerons (et des vignes bien sûr) porte enfin ses fruits. Il est temps de vendanger le domaine, et ça c’est une vraie partie de plaisir. Chaque année, on va voir nos vignerons pour les aider à faire les vendanges à la main. C’est toujours un moment unique où on partage des sourires, des anecdotes et surtout des bons verres de vin !

Pendant l’hiver 

On peut diviser l’hiver en deux parties. La première, on la qualifie de repos hivernale. Les vignes ont bien travaillé toute l’année, elles ont bien le droit à un petit sommeil non ? Et puis entre nous, sans manteau ni bonnet, il vaut mieux dormir en hiver pour ne pas subir le froid. La nature est bien faite alors en hiver, la sève se concentre dans les parties vitales de la vigne un peu comme nous lorsque le sang se concentre dans les parties les plus importantes pour les maintenir au chaud. Vous n’aviez pas remarqué que ce sont souvent vos doigts de pieds qui sont les premiers à geler lorsqu’il fait -10 degrés dehors ? 

La deuxième partie, c’est la taille qui commence en février. Les sarments sont taillés de telle sorte à laisser le bon nombre de coursons avec deux yeux (les bourgeons). Connaître le timing idéal c’est la clé pour obtenir de bons raisins en été. Cette étape demande donc une bonne connaissance de la météo, de son domaine et de ses vignes


Si vous voulez en savoir plus sur l’entretien des vignes en hiver, on a écrit un article complet la dessus !

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